Forstfeld : Les Magre-Nous explicités
Forstfeld : Les Magre-Nous explicités
Jean-Francois Kovar a présenté devant une petite centaine d’auditeurs attentifs la chronologie et les problématiques de l’incorporation de force décrétée il y a 80 ans à l’encontre de plus de 135 000 alsaciens mosellans.
Les communes de l’Uffried ont décidé de proposer tout un programme pour rappeler le drame des Malgré-Nous dont près de 40000 moururent pendant la 2e guerre mondiale.
Après l’exposition sur le camp d’internement soviétique de Tambov, toujours visible à la mairie de Leutenheim, c’est Forstfeld et son maire Philippe Boehmler qui accueillaient à la salle des fêtes une conférence de Jean-Francois Kovar.
Professeur, spécialiste de l’histoire religieuse et de l’histoire d’Alsace, il est le fondateur de l’université populaire de la Krutenau et un habitué des conférences. Il a ainsi su captiver son auditoire avec le déroulé des faits.
Si fin juin 1940 les allemands prennent rapidement possession de l’Alsace, les habitants qui y vivent et ceux qui reviennent de l’Evacuation restent officiellement de nationalité française.
Malgré la nazification, une propagande accrue, et la promesse de très nombreux avantages financiers ainsi que celle de l’obtention de la nationalité allemande, seuls quelques centaines d’alsaciens mosellans intègrent volontairement l’armée allemande.
Le Gauleiter Wagner, ami intime et ancien secrétaire de Hitler n’aura de cesse de proposer l’incorporation de force mais le général en chef de l’armée, d’abord réticent, ne l’acceptera qu’après les pertes énormes subies sur le front russe en 1942.
L’incorporation de force à partir du 25 août 1942 concernera en Alsace 21 classes d’âge ! Et le 28 septembre 1944, l’instauration de la Volksturm incorporera les hommes de 16 à 60 ans.
Certains Malgré Nous sont immédiatement versés dans la Waffen SS, corps d’élite avant-guerre et qui subira aussi d’énormes pertes; c’est le cas de la moitié de la classe 1926.
Les alsaciens-mosellans incorporés n’ont pas le choix des régiments mais des règles leurs sont appliqués : lors des gardes les malgré-nous ne peuvent être seuls car les nazis craignent les désertions qui seront fortement encouragées par les propagandes soviétiques et alliés.
Quelques milliers de jeunes alsaciens ont réussi à se soustraire tout d’abord au service du travail obligatoire en Allemagne instauré fin 1940 puis à l’incorporation de force. Mais rapidement les représailles ont dissuadé toute tentative : exécution des Conscrits de Ballersdorf, représailles contre les familles envoyées au camp de Schirmeck (Sippenhahft),...
Un focus a été fait sur le camp de Tambov où plus de 10% des Malgré Nous ont vécu dans des conditions horribles entre la dysenterie, les moustiques, le typhus, la vermine et des écarts de température de +35 degrés en été et -35 degrés en hiver. Ouvert en 1942 par les soviétiques, 2000 alsaciens mosellans y sont morts ... et pas seulement pendant la guerre puisque 7000 s’y trouvaient encore en septembre 1945 et que le dernier en reviendra ... en 1955!
Le sort des « Malgré-Elles » a aussi été explicité, puisque 4 classes d’âge (1923 à 1926) devront servir pendant 12 mois (18 mois à parti d’avril 1944) dans des organismes d’aides sociale ou paramilitaires.
Certaines d’entre elles participeront à des opérations de combat, mais elles ne pourront après guerre prouver leur statut n’ayant pas eu de livret militaire. Il a fallu attendre 2008 (!) pour que les 5000 Malgré-elles rescapées bénéficient d’un allocation de 800€. Une exposition sur leur sort est visible à la mairie de Fort-Louis à partir du 8 août.
La conférence s’est conclue par un verre de l’amitié et il a aussi été rappelé les autres manifestations à venir dont la conférence de Jean-Laurent Vonau le mardi 8 août à 20h a la salle des fêtes de Neuhaeusel et le spectacle Himmel ohne Sterne à la MOC de Rœschwoog les jeudi 18, vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 (billets en vente à la médiathèque).